Le Conseil fédéral veut assouplir la distribution du courrier et ne plus le distribuer dans chaque maison

Le Conseil fédéral veut lâcher un peu la bride à la Poste. A l'avenir, elle ne devra plus distribuer que 90 pour cent des lettres et des colis dans les délais impartis. L'obligation de distribuer le courrier dans chaque maison habitée toute l'année devrait également être supprimée.

(Image symbolique : Poste)

Cela devrait permettre à la Poste d'économiser jusqu'à 45 millions de francs par an à partir de 2026. Comme le ministre de la Poste Albert Rösti l'a déclaré vendredi aux médias du Palais fédéral, le financement du service universel est ainsi provisoirement assuré.

La Poste devrait ainsi pouvoir continuer à fournir le service public de manière autonome. Même à long terme, Rösti veut garantir le service universel sans subventions.

Dans la révision d'ordonnance envisagée, le Conseil fédéral réagit aux défis de la Poste par une petite réforme. Plus tard, il entend redéfinir le service universel dans une révision de la loi sur la poste.

Sa proposition de vendredi donne l'orientation d'un projet de consultation pour la révision de l'ordonnance sur la poste. Celui-ci doit être élaboré par le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (Detec) d'ici fin février 2025.

Des concessions sur la ponctualité ...

Pour les ménages, la révision de l'ordonnance signifie une baisse de la ponctualité de la poste. Selon les directives, seuls 90 pour cent des lettres et des colis doivent encore arriver dans les délais. Actuellement, 97 pour cent des lettres et 95 pour cent des colis doivent être livrés dans les délais.

Ces prescriptions contraindraient la Poste à des investissements excessifs, axés sur les heures de pointe, a expliqué Rösti devant les médias du Palais fédéral. Bernard Maissen, le directeur de l'Office fédéral de la communication, a déclaré qu'il s'agissait de prescriptions minimales. Il s'attend à ce que la ponctualité se stabilise entre les valeurs actuelles et les nouvelles valeurs proposées.

... et zone de livraison

L'obligation de distribution à toutes les maisons habitées toute l'année, en vigueur depuis 2021, doit être supprimée. Selon Albert Rösti, trois pour cent de toutes les maisons, soit 60'000 ménages, sont concernés.

Les lotissements habités à l'année, à partir de cinq maisons sur une surface d'un hectare, continueront à être desservis, a expliqué M. Maissen. Il s'agit d'un retour à la réglementation d'avant 2021. Pour les maisons isolées, la Poste cherche des solutions. "Personne ne sera laissé de côté", a assuré Rösti.

Le Conseil fédéral maintient la distribution des colis et des lettres cinq jours ouvrables et des articles de presse six jours par semaine aussi longtemps que possible et également dans les valeurs de référence de la révision de l'ordonnance, a ajouté Rösti.

Une offre numérique plus forte

Le Conseil fédéral veut répondre aux changements d'habitudes de la population et des entreprises dus à la numérisation en intégrant la lettre numérique dans le service postal universel.

Selon Rösti, les expéditeurs envoient leur lettre à partir de leur ordinateur ou de leur smartphone à la Poste, qui la crypte en temps réel et la distribue au destinataire en toute sécurité. Si la distribution numérique n'est pas souhaitée, la Poste imprime la lettre et la livre sur papier. Selon Rösti, le coût de cette opération n'a pas encore été déterminé.

Le volume de courrier de la Poste a diminué d'un tiers au cours de la dernière décennie. D'ici 2030, la Poste s'attend à une nouvelle baisse de 30 pour cent.

Le trafic des paiements numériques est très avancé en Suisse. Cela se répercute au guichet de la poste. Les versements en espèces, qui ont déjà diminué d'un quart depuis 2000, devraient même y reculer de 80% d'ici 2030. L'argent liquide continuant à jouer un rôle important, le Conseil fédéral veut cependant maintenir les paiements en espèces analogiques.

Mais à l'avenir, le compte de paiement devra également contenir un moyen de paiement en ligne, par exemple une carte de débit ou une application de paiement, et un service de paiement par Internet. L'utilisation de l'offre numérique est facultative.

La loi sur la poste doit être révisée

Dans un deuxième temps, le gouvernement national estime qu'il est indispensable de moderniser en profondeur le service universel. Pour la révision de la loi sur la poste nécessaire à cet effet, le DETEC doit présenter en 2025 des valeurs de référence pour l'aménagement du service universel à partir de 2030. Le Conseil fédéral ne s'engage donc pas dès à présent sur d'autres mesures.

Rösti a déclaré qu'à l'heure actuelle, la suppression du courrier A n'était pas envisageable. Mais la Poste ne doit pas être obligée de fournir un service universel qui ne correspond pas aux besoins. Sinon, elle se retrouverait inévitablement dans une situation financière difficile. (SDA)

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