Le nouveau droit voisin divise les médias et les partis

Dans le cadre de la consultation, les grandes maisons d'édition ont salué le fait que les grands groupes Internet devront à l'avenir rémunérer la diffusion de contenus médiatiques. Les petits médias craignaient toutefois que le "droit voisin" ne s'avère contre-productif.

(Image : Schweizermedien.ch)

Lorsque des plateformes Internet comme Google affichent de courts extraits d'articles de journaux, appelés "snippets" en anglais, elles ne sont pas tenues de rémunérer les éditeurs. Lors de la consultation qui s'est achevée vendredi, l'association Médias Suisses (VSM) a expressément salué le fait que le Conseil fédéral souhaite modifier cette situation avec le droit voisin.

Les plates-formes profitent fortement des éditeurs, écrit le VSM. Cela parce que les géants de l'Internet peuvent, par exemple grâce aux contenus médiatiques, collecter des données sur les intérêts des internautes, ce qui leur permet de placer des publicités ciblées.

Les petits médias indépendants, regroupés au sein de l'association Médias d'avenir VMZ, ont toutefois exprimé des doutes sur la nouvelle loi lors de la consultation. Elle comporte des risques considérables pour les petits éditeurs et empêche le débat sur les réformes nécessaires de l'aide aux médias et de la réglementation des plateformes.

Les partis sont divisés

Le désaccord règne également parmi les partis. Le PRD est favorable au projet, que le parti qualifie d'"équilibré et pragmatique". Il propose une approche "suisse" qui soutient la diversité médiatique du pays sans négliger les petits éditeurs.

L'UDC rejette le projet, bien qu'il semble à première vue "prometteur". Elle critique surtout le fait que le nouveau droit d'auteur ne s'applique qu'aux médias, alors que les blogs et les encyclopédies en ligne, par exemple, ne peuvent pas en profiter. De plus, le principe de l'obligation de rémunération se heurterait à la liberté contractuelle.

Le Centre salue le fait que le système proposé par le Conseil fédéral repose sur des incitations. Contrairement au modèle européen, qui soumet l'utilisation de contenus journalistiques à un système d'autorisation, la voie suisse introduit un "droit à rémunération".

Malgré leur sympathie, les Vert'libéraux rejettent le projet tant que l'orientation de l'aide aux médias n'est pas claire. Celle-ci doit être redéfinie après le rejet par le peuple, en février 2022, d'un paquet global d'aide à la presse.

Les Verts militent pour l'introduction d'un droit voisin. Cette rémunération profiterait surtout aux petits médias qui, selon eux, n'ont pas la possibilité de négocier d'égal à égal avec les géants de l'Internet.

Le secteur de l'Internet contre la nouvelle loi sur le droit d'auteur

L'association économique du secteur des TIC et de l'Internet Swico rejette catégoriquement le projet. Les contenus journalistiques sont déjà suffisamment protégés aujourd'hui. En outre, les entreprises de médias ont déjà la possibilité d'empêcher l'affichage de snippets.

Contacté par Keystone-SDA, Google n'a pas transmis de commentaire. (SDA/swi)

Plus d'articles sur le sujet