L'analyse des e-mails du chef de la communication du conseiller fédéral Berset est illégale
L'exploitation de la communication entre le chef de la maison d'édition Ringier et l'ancien chef de la communication de l'ancien conseiller fédéral Alain Berset était illégale. C'est ce qu'a décidé le Tribunal des mesures de contrainte de Berne. Le jugement concerne l'affaire dite des "Corona Leaks".
Cela s'est produit en 2022 et 2023. (Werbewoche.ch a rapporté). Il était reproché à des hauts fonctionnaires suisses d'avoir informé à l'avance les médias des mesures gouvernementales prévues pendant la pandémie. L'enquêteur spécial de l'époque, Peter Marti, a particulièrement visé le chef de la communication du département de l'Intérieur, Peter Lauener, qui était à l'époque un proche de Berset.
L'Office fédéral de l'informatique avait ouvert la boîte mail professionnelle de Lauener à l'enquêteur spécial pour ses investigations. Marti et la police cantonale zurichoise ont analysé les données et ont découvert, entre autres, un contact électronique intense avec le chef de Ringier Marc Walder.
L'évaluation n'était pas légale, conclut maintenant le tribunal des mesures de contrainte de Berne. L'enquêteur spécial aurait dû accorder au préalable aux personnes concernées le droit de demander une mise sous scellés.
Les personnes concernées l'ont demandé après avoir pris connaissance de l'analyse. Le Ministère public de la Confédération a à son tour déposé une demande de déclassification, que le tribunal vient de rejeter. Les échanges de courriers électroniques sont donc tabous pour les enquêteurs.
Protection des sources et secret de rédaction
Dans son jugement, le tribunal des mesures de contrainte a surtout invoqué la protection des sources journalistiques et le secret de rédaction, comme l'a confirmé le président du tribunal, Beat Brechbühl, dans une information publiée vendredi par les feuilles de Tamedia.
La décision n'est pas encore entrée en vigueur. Le Ministère public de la Confédération peut déposer un recours de droit pénal contre cette décision auprès du Tribunal fédéral. On ne sait pas encore s'il le fera.
Une affaire aux multiples ramifications
L'affaire des "Corona Leaks" a entre-temps pris des proportions importantes. Peter Marti, ancien juge en chef du canton de Zurich, avait été nommé procureur extraordinaire en 2021. Ceci afin d'examiner des violations présumées du secret de fonction dans une autre affaire. Cette affaire a été classée.
Au cours de ses investigations, Marti a découvert d'autres fuites d'informations en rapport avec la pandémie de Corona. Il a engagé une procédure contre le chef de l'information du conseiller fédéral Alain Berset de l'époque, Peter Lauener. Une plainte pénale a également été déposée contre Marti. Ce dernier était critiqué pour avoir outrepassé ses compétences. L'affaire des "Corona Leaks" était née.
Lauener a démissionné de son poste à l'été 2022. Marti n'est plus enquêteur spécial non plus. Il a quitté ses fonctions en mai 2023. Une enquête a conclu qu'il ne s'était pas rendu coupable d'un dépassement de compétences dans le cadre d'une infraction pénale. Aujourd'hui, c'est le Ministère public de la Confédération qui est chargé de l'affaire. (SDA/swi)
Lisez ici l'article de Nick Lüthi sur ce sujet datant de 2023.