Les magazines de rue s'arment pour le paiement numérique

Les magazines de rue ressentent la tendance au paiement numérique. En Suisse, on mise sur l'application de paiement Twint et la fidélité des clients, tandis que les magazines allemands testent de nouveaux modèles.

Un coup d'œil dans les archives : Les numéros de Surprise parus jusqu'à présent en 2023. (Capture d'écran : Surprise.ngo)

En Suisse alémanique, ils font partie du paysage urbain. Ils se tiennent aux carrefours et devant les filiales des supermarchés, pour beaucoup depuis des années déjà : les vendeurs et vendeuses du magazine de rue rouge Surprise. Une fidèle clientèle d'habitués s'arrête régulièrement en pensant aux huit francs en espèces. Mais ils sont de plus en plus nombreux à passer devant eux en marmonnant "pas d'argent liquide". Une tendance qui pourrait devenir menaçante pour le modèle commercial basé sur l'imprimé.

Car l'association à but non lucratif SurpriseLe magazine "Le Monde", qui fête cette année ses 25 ans d'existence, tire l'essentiel de ses revenus de la vente dans la rue. Ainsi, l'année dernière, 3,06 millions de francs sur les 5,49 millions de recettes totales ont été générés par la vente de cahiers.

En 2022, les ventes étaient inférieures de 6,6% à celles de l'année précédente. Dans le dernier rapport annuel, les éditeurs du magazine de rue suisse s'inquiétaient de la "baisse des ventes" et de "l'augmentation des coûts de production".

Le paiement sans espèces a le vent en poupe

L'une des raisons en est probablement la diminution de l'importance de l'argent liquide. En effet, la Suisse est en pleine mutation numérique. Selon une étude de la Banque nationale suisse (BNS), le paiement sans numéraire gagne en importance. Ainsi, les cartes de débit et de crédit ainsi que les applications de paiement seraient particulièrement appréciées là où l'on paie directement sur place.

Selon l'enquête, ce sont surtout les jeunes qui utilisent de plus en plus les systèmes de paiement numériques. De même, Surprise-Les clients ont exprimé le souhait de pouvoir payer en ligne. L'entreprise à but non lucratif a, selon SurpriseLe porte-parole Nicolas Fux a réagi et travaille depuis l'année dernière avec Twint. Il s'agit d'une "solution qui s'est établie parmi les clients", a souligné Fux à l'agence de presse AWP.

Mais Twint ne s'est pas encore imposé parmi les vendeurs indépendants. En effet, ils doivent posséder un compte et une adresse e-mail ou un numéro de téléphone portable. La plupart des vendeurs, y compris les sans-abri et les personnes dépendantes, continuent donc de miser sur la variante "cash sur la main".

Pour Surprise cela ne pose en principe aucun problème. "La plupart des clients connaissent leurs vendeurs, qui se tiennent toujours aux mêmes endroits, et prennent de l'argent liquide", explique Fux. L'association ne se voit donc pas dans l'obligation immédiate d'adapter le modèle de paiement.

L'Allemagne attend une solution de code QR

Le pays voisin, l'Allemagne, a fait un pas en avant. Depuis octobre, les personnes engagées socialement dans les grandes villes allemandes peuvent en effet acheter des magazines de rue via un code QR. En plus d'une version en ligne du magazine de rue local, ils reçoivent également des contenus numériques et des tirages au sort adaptés à la génération Z. Derrière ce modèle se cache la plateforme berlinoise StreadLe projet est financé par une fondation à but non lucratif.

Stread-Robert Hofmann, rédacteur en chef du magazine en ligne Vice vient, est convaincu par ce modèle. "Jusqu'à présent, de nombreux magazines de rue ne s'adressaient pas vraiment aux jeunes", a-t-il déclaré à AWP. "Si les gens ont vraiment envie d'un média, ils sont aussi prêts à dépenser de l'argent pour cela", croit-il. Son objectif à moyen terme est Stread de devenir un média "cool", que les gens chercheraient activement dans la rue.

Ce nouveau modèle offre un potentiel certain : en effet, la distribution numérique permet non seulement d'économiser des coûts et du papier, mais aussi d'augmenter le tirage à volonté. "Nous nous sommes fixé pour objectif de doubler le tirage imprimé existant dans toute l'Allemagne, qui est d'environ 400 000 exemplaires, d'ici 2025", explique Stread. Ainsi, les magazines de rue, en collaboration avec la plateforme en ligne, toucheraient plus de personnes que les Image-journal.

Surprise maintient son modèle

L'offre de Stread est à l'association Surprise connu, dit Fux de Surprise. On entretient des contacts avec d'autres magazines de rue germanophones et on est en principe ouvert aux changements.

Néanmoins, je vois Surprise actuellement aucune raison de remplacer le modèle print-only par une version en ligne, telle que Stread propose de compléter. "La vente est une forme d'interaction sociale. Avec le produit imprimé, cet échange a lieu plus abondamment", explique le Surpriseporte-parole.

À propos des organisations

L'association indépendante Surprise offre depuis 1998 des possibilités de travail à des personnes socialement défavorisées en Suisse. Il fait partie du réseau international des magazines de rue INSP, qui compte une centaine de membres dans plus de 30 pays. Le site Surprise-magazine paraît deux fois par mois et est distribué par environ 500 personnes en Suisse alémanique. En 2022, 501'046 numéros ont été vendus.

Stread est édité par la fondation à but non lucratif Dojo Cares. Celle-ci a été créée il y a 10 ans à partir de l'agence berlinoise Dojo et est financée par une taxe sociale sur les services de l'agence. Le système numérique de Stread est actuellement utilisé entre autres par des magazines de rue à Berlin, Francfort, Münster, Leipzig et Osnabrück. Au total, il existe 22 magazines de rue en Allemagne. (Contexte:AWP/Leah Süss)

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